Nous avons survolés dans notre précédent article, les travaux du père de l'optique moderne, Alhazen. Entre compréhension des mécanismes de la vision, et analyses poussées des rayons lumineux, Alhazen balaya plus de 2000 ans de croyances erronées sur le fonctionnement de la vision. Nous allons donc continuer de voir ce que l'homme au fil du temps fait de l'héritage de ses ancêtres, de plus en plus pointu et de plus en plus proche du savoir que nous possédant aujourd'hui, dont nous en tirant la source. Après la constatation de l'existence de phénomènes optiques, après leur contrôle et leur mise en utilisation, et après leur explication, nous allons voire leur première mise à disposition pour les traitements des amétropies que sont la myopie, la presbytie, l' oeil hypermétrope et l' oeil astigmate.
Il faudra ainsi attendre 200 ans après leur publication, pour qu'une utilisation des travaux d'Alhazen soit mise au service du traitement des amétropies.
A une époque où la France unifiée n'existait pas encore, et ou la guerre rythmait le quotidien, les monastères étaient les seules véritables zones de savoir, au sein desquelles de nombreux ouvrages des périodes antiques, moins belliqueuses et ayant laissé une meilleure place à la recherche, et donc au savoir. D'importantes découvertes à cette époque seront faites par les moines, gardiens de ces ouvrages, comme par exemple le droit romain, ossature de nos civilisations, mais également et surtout ce qui nous intéresse dans cet article : Le traité d'optique d'Alhazen.
Vitellionn, un moine, va s'appuyer sur les travaux d’Alhazen et rédiger son traité d'optique, De perspectiva, qui sera massivement imprimé à la Renaissance.
En 1268 le moine franciscain Roger Bacon, s’appuyant sur les travaux d’Alhazen, va expérimenter des ‘’pierres de lectures’’. Il apporte la preuve scientifique que le surfaçage particulier de verres lenticulaires permet d’agrandir les petites lettres. Cette loupe grossissante posée sur le texte écrit, fut ainsi destinée à combattre les effets de la presbytie et de l'hypermetropie. Avant d’être en verre, les ‘’pierres de lectures ‘’ étaient réalisées en pierre semi-précieuses ou en cristal de roche, la technique de fabrication du verre produisant encore trop de bulles et d’impuretés. Cette lutte contre-nature de l'homme face à l'obscurantisme religieux de l'époque lui vaudra au passage plusieurs années de prison.
C’est en 1285, à Florence que le physicien Salvino Degli Armatti mettra au point une paire de verres enchâssés dans un cercle de bois, dont l’épaisseur et la courbure permettent de grossir les objets et les textes.
Dès lors, la lunetterie et l’ophtalmologie se développent en Italie. Les premières bésicles, des lunettes sans branches se fixant, sur le nez apparaissent à Venise à la fin du 13ème siècle. Les lentilles constituant le verre, sont à cette époque des portions de sphères, ayant une inclinaison a peu près convexe. Le verre vient rapidement remplacer le Béryl et le quartz pour leur fabrication. La presbytie, et l'hypermetropie sont enfin soignées. Relativement cependant, car il faut malheureusement tempérer cette première victoire sur les amétropies. La forme sphérique des lentilles utilisées entraine de gros défauts dans la perception du porteur des bésicles. Cumulés à cela, le verre utilisé est de très mauvaise qualité. Sa conception n'est absolument pas adaptée à un but médical, et il contient de nombreuses impuretés, des bulles de gaz inhérentes à sa conception grossière. Son polissage plus adapté à celui du verre ordinaire, laisse également à désirer, le tout faisant une image déformé et hirsute au regard.L'ancêtre de la lunette ne va donc pas avoir le succès escompté, car le mal de tête qu'elle offre à son porteur en échange du traitement de la presbytie, fait passer cette amétropie pour remède.
C'est ainsi que l'homme, après avoir grandi dans le milieu de l'optique et de sa compréhension de la vision, après en avoir saisi les éléments fondamentaux, après les avoir compris, les maîtrises, petit à petit. Cette maîtrise, passe par une mise à profit immédiate, la création des lunettes. L'homme entre donc en scène dans la guerre contre les amétropies sur le front de la presbytie, qu'il n'est pour le moment capable que d'en relativement dompter les maux. Il reste ainsi la myopie, l'hypemetropie et l'astigmatie à traiter, mais le premier soin apparait à cette période : Les lunettes.
Ne ratez pas la suite de l'histoire du traitement des ametropies dans notre prochain article de cette grande saga.