Lors de notre précédent article, nous avions retracé un historique des premières tentatives de pratiques d'opérations chirurgicales visant à corriger les amétropies.
Nous allons poursuivre dans cet article l'historique des opérations majeures ayant fait évoluer la pratique de la chirurgie correctrice des amétropies. Les méthodes modernes sont désormais à portée de main pour permettre aux hommes et femmes de ne plus porter de lunettes ou lentilles de contact, mais il reste encore du chemin à parcourir et c'est ce que nous allons voir dans cet article.
Nous avons en effet abordé l’approche mécanique du traitement des amétropies par le docteur Barraquer dès 1963, par sa technique de la Kératomileusis. Cette technique opératoire, qui nécessitait la congélation d’un prélèvement de cornéen a ouvert la voie à de nombreuses améliorations.
En 1977, les ophtalmologistes russes Svyatoslav Fyodorov et Durnev reprennent les travaux de leurs prédécesseurs, les ophtalmologues Lans et Sato, et arrivent aux mêmes conclusions. Une chirurgie correctrice des ametropies, définitive, est possible. Ils prennent comme base de travail les travaux des docteurs Barraquer et Swinger, et retravaille la technique opératoire de chirurgie réfractive de la Barraquer-Krumeich-Swinger (BKS), ancêtre de la chirurgie refractive PKR de la myopie.
La BKS de Fyodorov fait appel à un microkératome, un appareil chirurgical inventé par Barraquer, qui pratique une découpe mécanique de la cornée. En pratiquant deux incisions simultanées, la pression de l'œil se relâche. Sa forme s’en trouve ainsi modifiée, entraînant une correction de l’amétropie.
Malgré là encore de bons résultats, cette technique inconfortable pour le patient montre rapidement ses limites, et le besoin de développer des outils plus adaptés. La technique de la Kératotomie radiaire évolue cependant grandement à la suite de ces travaux expérimentaux, car Fyodorov et Durnev pratiquent une kératotomie radiaire antérieure sans atteinte de l’endothélium, ce qui marque une grande évolution par rapport aux travaux de leur pair, le docteur Sato.
En 1984, Krumeich et Swinger proposent une Kératomileusis sans congélation. L’usage du Cryotour, appareil servant à modeler la découpe cornéenne congelée, est abandonnée au profit d’une découpe réfractive à l’établi BKS 1000tm. La découpe est réalisée sur la face postérieure de la lamelle primaire de l’oeil. Cette dernière est maintenue sur un moule réfractif qui détermine les paramètres de correction de la myopie du patient, ou de son hypermétropie.
Finalement, en 1986, le docteur Luis Antonio Ruiz fera encore évoluer la méthode, vers le Kératomileusis in situ . Il proposera en 1986 une découpe réfractive au profil plan directement dans le lit stromal postérieur. Cette opération met encore une fois à profit le microkératome. Cette technique sera améliorée en 1991, devenant le Kérotomileusis in situ automatisé ALK. Cette technique opératoire permettra un meilleur centrage de la découpe Cornéenne, ainsi qu’une meilleure qualité dans sa réalisation.
La Kératomileusis in situ, est la première grande étape atteinte, pour réaliser la chirurgie LASIK telle que nous la pratiquons à l’Institut Bordelais de la vision, LASIK signifiant Laser-Assisted In-Situ Keratomileusis.
Ainsi, les années 70 et 80 consacrent la pratique de la kératotomie radiale pour corriger les myopies dans le domaine de l’ophtalmologie. La chirurgie refractive vient de gagner sa première période de popularité.
Le concept de découpe de la cornée pour modifier la forme de l’œil et traiter les amétropies étant trouvées, il ne manque qu’un outil indolore, propre et précis, qui nullifiera la marge d'erreur.
Plus encore que des prouesses médicales à l'époque, c’est une vision portée sur le futur, et une volonté de faire progresser le monde médical qui ont guidé la volonté de ces chirurgiens ophtalmologistes.
En effet, même si l'idée de corriger de manière définitive la myopie, l'hypermétropie, l'astigmatisme et bientôt la presbytie grâce à une opération chirurgicale est née, plus encore, a été pratiquée, seul de meilleurs outils permettront désormais d’aller plus loin, tant dans le milieu de la médecine que dans le milieu de la technologie de pointe, et notamment en Optique.